Chabbat zakhor – Coutumes

Ce chabbat est situé entre la naissance d’un garçon et le jour de la brit-milah 

 

Les noms de ce jour

Le chabbat situé entre la naissance d’un garçon et la mila est appelé

  • «chabbat simane tov » chez les séfarades [1] . Simane tov est un bon vœu qui, dans ce contexte, a pour sens: Que cette naissance soit un « bon signe ». 
  • « chalom zakhar» chez les ‘hassidé ‘habad. Zakhar veut dire « masculin » faisant allusion à la naissance d’un garçon;
  • « chabbat zakhor » chez les Achkénazes. Zakhor fait allusion au souvernir: le nouveau-né devra réapprendre pendant sa vie – et se souvenir – de la Torah que son âme connaissait avant sa naissance.

Ce jour représente le premier chabbat de l’enfant : la première mitsva à son actif [2].

Le chalom du chabbat arrive dans le monde par la naissance de ce garçon (d’où le voeu de « simane tov » qui concerne non seulement l’enfant et sa famille mais tout le peuple d’Israël) [3].  

 

La coutume

Le vendredi soir, des visiteurs viennent au domicile des parents du bébé [4].

En cas de naissance le chabbat la solennité est évidente puisque le vendredi soir est alors celui de la veillée avant la mila (voir).

 

La réception

Une petite sé’ouda est naturellement organisée pour accueillir les visiteurs. C’est aussi une occasion pour remercier Hachèm pour la bonne délivrance de la maman et la bonne santé de l’enfant.

La coutume consiste à servir des boissons ou quelques pâtisseries, « mais pas un repas complet. » [5]

La sé’ouda de cette soirée est parfois considérée comme ayant le rang de sé’oudat misva [6]. Elle peut être accompagnée de chants [7]   

Pour la coutume achkénaze, voir le paragraphe « Explications » ci-après.

 

Explications

Le choix de ce jour du chabbat tient pour certains à ce que ce soir-là, « les gens sont en général… plus disponibles pour venir y participer » [8].

Une explication plus profonde est avancée par le Midrach qui relate la parabole suivante : visitant l’une des provinces de son royaume, un roi décréta que toute personne souhaitant une audience devrait préalablement présenter ses hommages à la reine[9]. De la même manière, l’enfant qui désire entrer dans l’alliance décrétée par Hachèm, doit auparavant célébrer le jour du Chabbat.

Autre explication : ce chabbat est la première mitsva du bébé sa naissance. Comme, en naissant, l’enfant perd la mémoire de toute la Torah que le fœtus avait entièrement étudiée pendant sa gestation [10], il convient de le consoler de cette perte de la Torah oubliée [11]. Le mot zakhar (mâle) est mis en relation avec le nom zakhor (souviens-toi) le quatrième des Dix commandements de la Torah זָכ֛וֹר אֶת־י֥וֹם הַשַּׁבָּ֖ת לְקַדְּשֽׁוֹ׃ « Souviens-toi du jour du chabbat, pour le sanctifier » (Chémot 20, 8-11) [12]. Le bébé est « en deuil » de la Torah acquise avant sa naissance et perdue dès sa venue au monde. Aussi, le mérite des visiteurs est assimilé au mérite de ceux qui visitent un endeuillé (le nouveau-né). Ce chabbat apporte l’espoir que, durant sa vie, le bébé aura l’occasion d’étudier en profondeur toute la Torah par son propre mérite. Zakhor : « souviens-toi » de ce que tu as déjà appris, en le réétudiant entièrement.

 

Selon la coutume achkénaze il en découle :

– le nom de ce chabbat 

– et la nature de la sé’ouda : sont servis des lentilles, des haricots ou des pois chiches, car ce sont des aliments traditionnellement consommés par les endeuillés [13].

 

Montée du père à la Torah à l’office du matin du chabbat

A l’office du samedi matin, avant l’ouverture des portes de l’armoire des rouleaux de la Torah (hékhah) et la sortie de ces rouleaux , il est d’usage de chanter

  • un piyout lorsque le père d’un nouveau-né est présent dans l’assemblée [14];
  • le psaume 128 (communautés de coutume italienne) [15].

 

Priorités –  Le sandak, le père [16] – et le mohel ont droit, chacun, à une montée à la Torah – dans cet ordre et dans la mesure du possible [17]. Le père d’un garçon doit céder son droit en présence du père d’une fille nouveau-née [18] dont la mère se rend à la synagogue pour la première fois depuis son accouchement [19]. Cela souligne l’importance de la naissance de filles et le respect qui leur est dû allant jusqu’à la priorité accordée à leur père lors du kabod marqué par la communauté lors de la montée à la Torah.

 

Annonce – Après sa montée à la Torah, le père annonce à l’assemblée le lieu et l’heure prévues pour la milah. On annonce le lieu, le jour et l’heure, mais on prendra garde à ne pas inviter explicitement. Car une personne invitée à venir à la rencontre d’Eliyahou hanavi ne pourrait (sans manquer de respect pour le prophète) renoncer à cette occasion  – or, un cas de force majeure pourrait survenir et rendre impossible sa présence.

 

Chant – Les fidèles chantent alors un piyout en son honneur [20]. Généralement il s’agit de Yaréa’h yakar (titre que l’on peut traduire : « Cher jour de pleine lune »).

 

Ce texte est tiré d’un livre en cours de préparation 

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NOTES 

 

[1]  R’ Settbon David (2006), ‘Alé hadas, p. 438.

[2] R’ A. Atlan (1995), p. 32.

[3] Selon l’enseignement talmudique : « La paix inhérente au chabbat arrive dans le monde avec la naissance d’un garçon » (T.B. Nida 31b).   

[4] Évidemment si cela n’est pas incompatible avec le respect du chabbat. Cette visite n’a pas de sens s’il faut prendre enfreindre les lois du chabbat en voyageant en voiture.  

[5] R’ Shraga Simmons, « C’est un garçon »,  http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=752, consult. fév. 2010.

[6]  Krohn R’ & Scherman R’ (2003).

[7] En Tunisie, un piyout  spécial était aussi chanté lors de la présentation des vœux à la famille. Voir : R’ Settbon David (2006), ‘Alé hadas, volume 2 (Ma’hzor) p. 203.

[8] Troumat Hadechen, 269, Cit. R’ Shraga Simmons,  « C’est un garçon »,  http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=752,  consult. fév. 2010.

[9]  Wayikra Rabba 27, 10, cit. par http://www.cisonline.org/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=88 (consult. janv. 2010).

[10]  Voir : T.B. Nida 30b.

[11]  R’ Y. Emdem, Migdal ‘oz – cit. R’ Atlan, p. 32.

[12]  Avant la naissance, un ange touche les lèvres du bébé, provoquant cet oubli. 

[13]  Za’her HaBrith 3,6 cit. par : http://www.cisonline.org/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=88 (consult. janv. 2010).

[14] C’est également le cas, lorsqu’un Bar Mitsva ou un marié est présent à l’office. L’assistance chante alors en leur honneur un piyout de circonstance et cela met un air de fête à l’office.   R’ S. Darmon (1995), p. 415.

[15] Voir le tableau page 69 dans סדר תפלות כמנהג איטאלייאני, 2010 (תשע״א),  ירושלים, 205 p. (= p. 78, http://www.hebrewbooks.org/46130)

[16]  Conformément à l’enseignement de R’ Moché Isserlès (le Rama). Voir Yoré dé’a, 265, 11 (Cit. R’ Settbon David (2006), ‘Alé hadas, p. 438.

[17]  Un ordre des priorités est parfois fixé. Mais, lorsque les montés à la Torah sont vendues les personnes intéressées ne peuvent faire valoir leur droit car l’intérêt de la communauté passe avant, mais l’usage est d’honorer tout de même les personnes ayant le droit ou le devoir de monter à la Torah (non mise en vente de certaines montées). Dans la communauté de Prague l’ordre avait été précisé : c’est le droit, d’abord, du jeune marié dans la semaine de son mariage ; du Bar Mitsva ; du père et de la famille du Bar Mitsva ;  du Sandak ; du Mohel ; du père du garçon. Enfin c’est le devoir de celui qui marque l’anniversaire d’un deuil (cité par R’ A. Atlan,1995, pp. 32-33).

[18] On dit aussi « nouvelle-née » si on considère nouveau non pas comme adverbe mais comme adjectif ! L’adverbe est invariable (d’où le pluriel « nouveau-nés ») mais pas l’adjectif.   

[19]  R’ A. Atlan, 1995, p. 32.

[20]  Piyout généralement chanté en général à cette occasion : Yaréa’h yakar – cité par R’ D. Settbon (2006), ‘Alé hadas, p. 438.