La section du prépuce

La milah au sens strict, c’est la section du prépuce (première étape de la circoncision juive). Même si le mot milah est traduit par circoncision, et qu’il désigne par extension la pratique des deux étapes inséparables de cette mitsva, comme nous le verrons plus loin, il signifie, au sens strict, la coupure du prépuce.

Section du prépuce – L’extrémité du prépuce est sectionnée avec une lame (couteau, bistouri) Une pierre tranchante a pu être utilisée par Tsipora, l’épouse de Moché (Chémot/L’Exode 4, 25). Pendant l’opération, un petit instrument métallique sert de bouclier (on l’appelle « maguen ») pour séparer physiquement le membre à protéger du couteau du mohel.

Protection – Pour prendre toute précaution lors de l’opération, et afin de ne couper que la partie devant être retirée, le membre est protégé par un petit instrument muni d’une fente. C’est une sorte de plaque ouvragée munie d’une fente dont la fonction est de protéger le gland contre tout mouvement involontaire qui ferait dévier le bistouri. Cet instrument a pour nom le mot expressif : « maguen » (bouclier en hébreu). Le maguen vient s’interposer entre le gland et l’extrémité du prépuce (illustration, ci-après).

La fente du maguen devra être large (supérieure à 1 millimètre, et jamais inférieure à 0,6 millimètre) pour ne pas blesser l’enfant.

Attention : divers instruments sont apparus récemment (Clamp de Bornstein, Maguen articulé, Maguen étroit). Ils séparent la peau de la ‘orla et la dévitalisent avant d’avoir effectué la milah. Ils causent aussi des douleurs importantes. En conséquence, les « plus grandes autorités interdisent formellement ce procédé, car on n’accomplit pas ainsi la Mitsva de la Brit Milah. Le père exigera, dans ce cas, une circoncision traditionnelle. » Grand rabbinat d’Israël, 5764 (2004). Document cité sur le site du Mohel Aharon Altabé, http://aharon.perso.sfr.fr/issourmagen2.htm, consulté en février 2010.

 

Divers arguments médicaux ont été avancés pour justifier cette mitsva. Ainsi : la milah peut corriger certaines malformations dans la localisation du méat urinaire (orifice d’où s’écoulent les urines). Le méat urinaire est normalement situé à l’extrémité du pénis dans l’axe de l’extrémité du gland. Lorsqu’il n’est pas dans l’axe mais au-dessous (hypospadias) ou au-dessus (épispadias) du pénis, il y a malformation.  L’hypospadias est assez fréquent (3 cas pour 1000) ; l’épispadias est plus rare. Conséquence de ces malformations : gêne pour uriner ; diminution du pouvoir fécondant, stérilité masculine. Certaines d’entre elles peuvent être corrigées par la circoncision (l’hypospade balanique : orifice situé à la partie inférieure du gland ; c’est la forme la plus bénigne et la plus fréquente).

Cependant comme pour toute mitsva, la compréhension n’est pas indispensable dès lors que le fidèle entend appliquer un commandement divin. L’obéissance aux ‘houkim (catégorie de commandements dont la raison échappe à l’entendement humain) pousse à l’extrême cet état d’esprit.

A l’inverse, certaines époques où Israël était politiquement et culturellement dominé, il est arrivé que certains adultes assimilés en viennent à regretter leur prépuce perdu, allant jusqu’à camoufler leur judéité par un petit acte chirurgical pour restituer une apparence de prépuce. A l’époque hellénistique, plus d’un siècle après la conquête d’Alexandre le Grand, certains juifs s’étaient assimilés au point de regretter leur circoncision : « il sortit d’Israël des enfants d’iniquité, qui en séduisirent plusieurs, en disant : Allons et faisons alliance avec les nations qui nous environnent ; car, depuis que nous nous sommes retirés d’elles, beaucoup de maux nous ont atteints…. (Ils) allèrent trouver le roi; et il leur donna le pouvoir de vivre selon les lois des Gentils. Et ils bâtirent un gymnase à Jérusalem, à la manière des nations; ils dissimulèrent leur circoncision, se séparèrent de l’alliance sainte, et se joignirent aux nations, et ils se vendirent pour faire le mal » (I Séfer Hamakabim/Maccabées 1, 10-15).

 

(c) R’ Eliyahou Bakis. Ce texte fait partie de l’introduction d’un livre en français en cours de préparation sur la brit-milah.