Par ses actions, l’être humain agit sur les racines spirituelles du monde. Les effets néfastes engendrés par ses fautes sont réparés par le repentir (la téchouva).
Le travail d’introspection et de repentir est toujours bénéfique. Néanmoins, certaines périodes de l’années le sont particulièrement. On pense aux mois d’Eloul, de Tichri.
Il est une autre période favorable au repentir, tout aussi importante, bien que moins connue : les six semaines des Chovavim.
On appelle Chovavim les semaines où sont lues les parachas de Chémot, Vaéra, Bo, Béchala’h, Yitro, Michpatim. Le mot Chovavim est en fait un acronyme fait des initiales de ces parachas[1] qui relatent le séjour en Egypte et le passage de l’esclavage à la libération physique et spirituelle.
Le mot Chovavim signifie rebelles ou turbulents[2]. Les cabalistes révèlent un autre niveau de sens : ce mot fait référence aux ‘enfants’ spirituels néfastes créés par la semence émise en vain[3].
Or, cette période, « est un moment propice à la réparation des fautes liées aux interdits sexuels »[4]. En réponse au repentir sincère pendant les Chovavim, nos maîtres enseignent que le Créateur délivrera le pécheur et le peuple juif de leurs malheurs.
Déraciner la faute
D’après la tradition des cabalistes, chaque faute porte atteinte à des Noms divins. La réparation consiste entre autres à les « réhabiliter », si on peut dire, pour réparer à la racine les dégâts spirituels causés par les fautes.
Il est donc de tradition de mettre à profit ces semaines pour progresser sur le plan spirituel, en procédant à des « réparations » dites tikounim. Concrètement, le processus du tikoune inclut des prières, un « rachat » des fautes et des jeûnes[5].
La téchouva doit être sincère. Elle implique le regret, la confession (à D.ieu), la résolution de ne plus commettre la faute[6]. Rappelons que, peu de temps avant la destruction du Temple, les fauteurs amenaient des offrandes d’expiation (korban ‘hatat), sans vraiment être dans l’état d’esprit adéquat. Le fait qu’un processus de rachat des fautes soit envisageable ne permet pas de fauter en comptant sur le pardon divin à la suite d’une téchouva ou d’un rachat après la participation à un office spécial des chovavim. N’oublions pas qu’Hachem connaît pertinemment le niveau de sincérité de chacun. De plus, l’étude des lois liées aux sujets halakhiques transgressés est recommandée (elle est en soi une réparation).
Que faire concrètement ?
- Participer aux offices spéciaux organisés pendant les Chovavim. Les communautés peuvent inviter un rabbin compétent en ce domaine (attention aux charlatans, votre Rabbin saura vous orienter).
- En cas d’impossibilité de participer à un tel office, on peut se lancer seul dans un processus de réparation des fautes. On agira ainsi :
- Prendre sur soi le jeûne la veille de celui-ci dans la prière de min’ha ou avant le coucher du soleil en précisant la raison de ce jeûne : « je prends sur moi de jeûner demain du lever du jour à la sortie des étoiles afin d’expier la faute de (préciser)…. Il me sera possible d’arrêter mon jeûne à tout moment. Toutefois qu’Hachem m’aide et me donne les forces d’arriver à la fin du jeûne en bonne santé et que ma téchouva et mes prières soient agréées ».
- Le jour du jeûne, il est indispensable de racheter le nombre de jours de jeûnes qu’il aurait normalement fallu faire[7]. Ce nombre varie en fonction de chaque faute. Chaque jour de jeûne est racheté par le prix des repas consommés habituellement en un jour. Une personne aux revenus modestes donnera ce qu’elle peut (pas moins que la valeur d’une tranche de pain par jour). La somme donnée doit nous fait ressentir une difficulté au moins égale à celle ressentie lorsqu’on jeûne. On ne pourra pas utiliser l’argent du ma’asser pour le « rachat » des fautes. Cette somme sera donnée à une institution de Torah ou à des personnes nécessiteuses (de préférence, versées dans l’étude de la Torah).
- Le jour du jeûne, on prend l’argent en main et on précise qu’il s’agit d’une somme destinée au rachat du nombre de jeûnes expiant telle faute.[8]
- Puis, dans la ‘amida de min’ha on rajoutera « ‘anénou» dans la bénédiction de « chéma’ kolénou » (se reporter au sidour).
La période des Chovavim correspond à l’hiver. En cette saison, les nuits sont longues tout comme l’exil, symbole de notre aliénation aux forces du mal. Mais le printemps approche annoncé par la célébration de Tou BiChevat. Qu’Hachem veuille agréer nos prières et augmenter nos mérites, pour que vienne bientôt le Machia’h.
© R’ Eliyahou Bakish, janvier 2023.
Voir le numéro de février de Futé magazine, pp. 32 et 34.
Voir le tableau de correspondance des fautes paru sur ce site: https://brit-milah.com/apres/les-chovavim-tableau/
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NOTES
[1] « Ch » comme Chémot…. « M » comme Michpatim.
[2] Chouvou banim chovavim. « Faites téchouva, enfants rebelles… » (Jérémie 3,14 et 22).
[3] Rapporté par le Rav Ya’akov Moché Hillel.
[4] Cours vidéo de R’ Ron Chaya (2010), http://www.leava.fr/cours-torah-judaisme/actualite/361_chovavim.php, 38 minutes ; janvier.
[5] Cependant, pour ceux que la privation de nourriture rend coléreux, mieux vaut qu’ils s’abstiennent de jeûner car les jeûnes des chovavim ne sont pas prescrit par la halakha.
[6] Voir Rambam Halakhot téchouva et Cha’aré téchouva de R’ Yona de Gérone.
[7] Voir le tableau de correspondance des fautes et du nombre de jeûnes, selon Ari zal et ses élèves, et le Rachach : https://brit-milah.com/les-chovavim/.
[8] Bien qu’un jour de jeûne soit indispensable, ou ne pourra décompter ce jour de jeûne de la somme destinée au rachat du total des jeûnes nécessaires.
[9] L’auteur célèbre les mariages, est mohel et éditeur (collection halakhique Dérekh mitsvotékha ; site web brit-milah.com). Contact: voir la page accueil de ce site.