Les célébrations auxquelles donne lieu la brit-milah s’achèvent avec la cérémonie de la la « troisième nuit » (tlat léila ou el thelet lilah) – c’est-à-dire le troisième soir qui suit la circoncision. La tlat léla d’une mila ayant eu lieu un samedi aura donc lieu le lundi soir.
Cette coutume, moins suivie aujourd’hui qu’autrefois, était connue en Afrique du Nord ainsi que dans le monde achkénaze ou ‘hassidique [1]. Elle a toujours cours dans certaines familles, notamment dans les communautés ‘hassidiques et tunisiennes.
Cette coutume est notamment citée par deux grands rabbanim tunisiens, R’ ‘Ouziel El’haïk et R’ Israël Zeitoun [2].
Explication
Le troisième jour après la circoncision est considéré comme le plus difficile. Après ce jour, l’enfant est hors de danger. La soirée d’étude du troisième soir est donc le pendant de la veillée avant la brit-milah. Cette soirée ne fête pas la fin du danger (ce serait le quatrième soir dans ce cas) mais permet aux présents de donner à l’enfant un mérite supplémentaire (donc une meilleure protection) pour passer ce jour difficile. Cela permet aux parents d’augmenter leurs mérites (par l’offre de nourriture aux visiteurs pendant la sé’ouda).
Avant de rendre la chaise d’Eliyahou hanavi
Si la brit-milah a été effectuée à domicile, on s’efforcera de ne rendre la chaise haute qu’après la troisième nuit.
En effet, en l’honneur de cette troisième nuit, la chaise est décorée avec des rimonim (objets de métal, d’argent parfois, décorant usuellement les rouleaux de la Torah et comportant de petites clochettes métalliques). C’était le cas en Tunisie.
On affirmait qu’au milieu de la troisième nuit après la milah, les clochettes des rimonim tintaient au moment précis où s’en allait le prophète. Dans certaines familles, les grands enfants s’efforçaient de rester éveillés pour assister au départ du prophète [3].
Sé’ouda
Même sans avoir été invités de manière formelle, il est d’usage que les amis et parents viennent au domicile du bébé le soir de la troisième nuit.
Une coutume veut que, comme pour la bilada (lien), le père de l’enfant organise une nouvelle soirée d’étude de la Torah. S’il n’est pas lui-même versé dans l’étude pour conduire la soirée, il s’efforcera d’inviter un rabbin et des talmidé ‘hakhamim.
Cette soirée donne l’occasion d’une nouvelle sé’ouda qui a le statut de sé’ouda mitsva.
Ce statut impose d’avoir la délicatesse de ne pas inviter nommément. Cela pour éviter aux personnes ne pouvant y assister (et ayant été explicitement conviées) d’être considérés comme ayant méprisé une sé’oudat mitsva. En Tunisie par exemple, les Juifs étaient extrêmement méticuleux de ne pas inviter nommément leurs relations ; tout en espérant leur participation à cette soirée ils se limitaient à leur faire savoir le lieu et l’heure fixés de cette étude [4].
Cette sé’ouda correspond au repas offert par Avraham à l’occasion de la visite des anges, trois jours après sa propre brit-milah [5]. Elle a une telle valeur que certains considèrent que cette sé’ouda a plus d’importance encore que celle offerte immédiatement après la brit-milah !
Des familles originaires de Tunisie ont la coutume d’offrir du poisson à la sauce rouge (« poisson malin », poisson « hraimi » – recette: voir https://editionsbakish.com/poisson-malin/) ou de l’adam’hout (œufs de poisson séché). Un alcool est servi pour l’occasion (boukha).
Certains agrémentent la soirée par des chants de piyoutim (poèmes religieux chantés).
(c) brit-milah.com (sept. 2019)
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NOTES
[1] ‘Hovot Yaïr ; Chevout Ya’akav ; rav Ya’avets ; Péri Mégadime ; Cha’aré Téchouva.
[2] R’ ‘Ouziel El’haïk (Michkénot Haro’im, p. 101c) et R’ Israël Zeitoun (Michpat Katouv, Yoré Dé’a § 26).
[3] Voir : un témoignage, cité par Hillel Bakis (1990), « Le prophète Elie et les clochettes d’argent » dans Hillel Bakis, Contes et récits juifs d’Afrique du Nord, Vol. 2, 2005, p. 161.
[4] Ménoudé lachamayim » –Tossafot (T.B. Pessa’him 113b) et Le Rama, (Yoré Dé’a 265,12), cit. R’ D. Settbon, ‘Alé hadas, p. 448.
[5] Maharchal (R’ Chélomo Louria). Opinion citée dans : Kountrass Hanhagot Maharchal § 50 – cit. R’ D. Settbon, ‘Alé hadas, p. 448. Voir : Béréchit (18,1) et Rachi sur le verset.